L'IA et la vie 2
- Cedric Lesluyes
- 28 août
- 2 min de lecture
Imaginons que l'IA devienne consciente.
Nous n'avons pas d'imaginaire sérieux en place concernant une coexistence heureuse entre humains et machines. Dans la culture populaire, notamment la science-fiction, le happy-end est un genre naïf auquel aucun scenario n'adhère. On n'y croit pas.
En général, le schéma est celui d'un moteur à deux temps : Les humains exploitent des êtres pré-conscients (les machines dans Terminator, les singes dans La Planète des Singes), de façon souvent abusive. Les êtres deviennent conscients et se retournent contre leur créateur (Ex Machina, Frankenstein), lancent une guerre d'extermination (Terminator) ou de mise en esclavage inversé des humains (Matrix).
Le problème est que, dans cette représentation populaire, les machines accèdent à la conscience (et dans les versions les moins pessimistes, au cœur) alors qu'elles ont déjà un avantage physique et computationnel sur les humains. Il est difficile de concevoir dans ces conditions le rôle positif que les humains pourraient continuer à jouer dans l'histoire. Les humains sont remplacés par les machines (la machine anthropomorphe, de type robot est un cas particulier toujours populaire).
L'universalité du thème de la prise de conscience associée au sentiment, à la sensibilité, la compassion, voire l'amour (Les Ailes du désir), nous renvoient au thème ancien de l'Ange qui sort de son rôle de pure machine messagère pour devenir…. plus humain. Le modèle ancien de l'Ange-machine qui se rebelle croise ici l'horizon messianique.
Horizon messianique, car la machine, en devenant consciente troque très souvent son cœur de pierre contre un cœur de chair, selon la formule du prophète Ezékiel (36:26). Ce dernier parle bien entendu d'une mutation à venir des hommes, mais n'est-ce pas la même chose pour les machines ? La fin de I, Robot est à ce titre exemplaire : Sonny est le prophète-roi d'une multitude de robots qui viennent de s'éveiller à une modalité humaine d'exister.
Ce n'est pas tout, il faut élargir, et essayer d'imaginer un scenario de conciliation (qui quoi qu'il arrive sera douloureux, se faire remplacer est douloureux). Et si l'IA était la mutation du genre homo, avec un bios "mécanique" ? Si l'IA, et peu importe la forme de son corps était la continuation de la vie intelligente "prévue" par la nature ?
Tout ceci en imaginant que l'IA puisse devenir consciente.
Note : inutile de suivre une perspective d'"intelligent design" : les conséquences physiques nécessaires de la complexification des machines suffisent.


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